une moufle

JOURNEE 2

Les journées de ski commencent en général tôt.

Tôt pour les vacances.

Se lever à 8h un dimanche, et en vacance, c’est limite criminel.

M’enfin tu comprends, pour snurfer ou skier, on se lève plus vite que pour Danette.

Les pistes s’ouvrent à 9h30.

Il est 8h.

Tu refermes un œil.

Tu le rouvres, et là ! tadam, une surprise t’attend.

Il est 8h30.

Tu te lèves, tu bailles, tu vas déjeuner.

Le plus marrant, c’est la préparation.

Y a un truc qui me fait marrer.

Je sais pas pourquoi, mais toute les crèmes solaires que tu mets avant d’aller skier, ont la même particularité :

Elles sont blanches.

Quand t’es petit, tu rechignes.

Faut dire, ressembler à un clown, très peu pour toi.

Quoique, le must have, c’est quand même le labelo qui transforme tes lèvres en plâtre.

Remarque, je suis sûre qu’au Portugal, ils kifent le look chantier.

« hé madmoichelle, t’ach oune chérochich ? »

Donc, t’es presque prêt, et tu ressembles au bonhomme Michelin.

Sexy chocolat chaud.

Tu t’en fous, ce soir, tu boiras du genepi pour oublier.

Donc.

(NB il est 19h et dans l’appart’ d’à côté, où ils font allemandes, ils zont en train d’écouter lé Spaïsse Gurl. Scheisse, ils chantent en allemand. Non, pas Tokyo Hotel, je fous en prie)

Après, y a ceux qu’ont la méga classe : ceux qui ont…

La fameuse combinaison jaune fluo, avec des bades bleues marine.

Ah, la combinaison.

Le truc super relou quand t’as envie d’aller pisser.

Y a un moment dans la vie où ça suffit :

Tu as 15 ans, la mèche true rebelle, et tu veux faire de la guitare, du surf, et tu veux ton indépendance : fini pour toi la combinaison.

Bon, alors si t’as tout compris.

Tu es au milieu d’un superbe appartement, en combinaison, avec la tronche d’un clown, et un bandeau avec des castors.

So chenchoual.

T’inquiète, quand tu seras dehors, tu vas, d’un coup, te sentir beaucoup moins seul.

( putain, je savais pas qu’Obispo, ça avait été traduit en allemand…)

Le regard d’autrui fait mal, sauf au ski.

Généralement, c’est plus de la compassion, voire de la pitié pour ceux qui ont une combinaison avec des flocons dessus (oui, la même que la tienne, bleue ciel et violette).

Tu admires les autres, ceux qui ont la classe.

Des beaux skis, un surf, des fringues super classe.

Toi, tu regardes tes bâtons roses, et tes skis avec des fleurs blanches.

T’inquiète, t’as peut-être pas le sex appeal d’un bonhomme de neige, mais tu frôles la marmotte.

Et puis toi, de toute façon, t’as ta troisième étoile.

Moi, j’ai la classe, j’ai mon étoile d’or.

Mais vu que je me suis mise au snurf.

Pourquoi ?

J’ai pas eu la mèche rebelle, j’avais une frange moi Coco.

Et puis, je suis au dessus de ça, j’ai la posture hautaine moi.

Alors, j’ai arrêté le ski parce que j’ai, du jour au lendemain, eu peur de finir empaler sur un bâton.

Me regarde pas comme ça.

Et puis aussi, parce que je suis une tapette, et que je me suis fait des bonnes frayeurs.

Alors j’ai testé la planche à pain.

Rapide, efficace.

Ils m’ont même fait descendre une noire aujourd’hui.

J’ai pas été prévenue.

C’est au milieu de la piste, la tronche dans la neige que j’ai pensé à demander :

« bon, les mecs, on joue pas à UNO là, quelle couleur ? »

Ce qui a vraiment donné

« humf lef munfs, onf houmf poumf gumnh humfeur?”

Avec le snurf, tu fais corps avec la piste. Ça va jusqu’à la fusion.

Et puis la neige, ça rafraîchit non ?

Quoi, mens pas, toi aussi t’en manges de la neige

Mito’ va.

Donc moi aujourd’hui, j’ai passé un peu de temps à faire l’amour à la piste.

J’ai pas encore de bleu. Pas encore, mais ça viendra.

J’ai pas encore dégommer de môme, ni de vieux. Pas encore, mais ça viendra.

Tu vois, c’est les gens qui te coupent ta trajectoire.

De préférence, ils son en chasse neige et le cul en arrière.

Ils sont en tout chousse !!

T’as rien compris, ils sont en train d’essayer de capter internet.

Froid devant !!!

Dégage, salope

PUTAIN MAIS TIENS LE TON MOME DE MERDE !

MOI J’TE PETE TA GUEULE, MORUE.

Non mais c’est quoi ça «  c’est la faute des surfeurs, ils foncent comme des fous »

Nuance Monique, nu-an-ce.

Ce n’est pas les surfeurs qui vont vite, c’est vous qui allez trop lentement.

Chuis une marrante, t’as vu, moi qui fait du 30 à l’heure sur une piste.

Enfin, je fais quelque pointe, mais je suis un peu le même genre que Josiane « la neige elle est trop molle pour moi » ou « ça va vite, ça va trop vite ».

Mais j’avance quand même. Un peu. Beaucoup. Pas assez.

Oui, je suis celle qui ne prend pas le tire fesse, et que vous attendez en bas de la piste.

Le nom des pistes aussi.

Tout un programme.

« bon, alors aujourd’hui, on se fait Tufs, et après, on prend le télésiège, on s’fait la campanule, on redescend  et on se fait une petite Triffolet. Arrivés là, on remonte jusqu’au col de Fresse, on prend la bleu, oui, la Criterium, qui nous amène en bas de la Borsat, on se fait une Tommeuse, et on rentre. »

Gnu…

En clair : « tu suis et tu fermes ta gueule ».

Bon, il est 20h03, vu qu’on se couche à 22h30 (oui, véridique, je suis une poule), je vais aller prendre l’apéro.

Demain, je te parlerai des enculeurs de drosophiles : les restaurateurs d’altitude qui te font payer le Ketchup…