Il est 1h du mat’, et je n’ai pas préparé mon cartable.
Je ne suis pas fatiguée, et c’est sans doute à cause du taux élevé de caféine que j’ai dans le sang.
C’est marrant, c’est toujours la même chose la veille de la rentrée.
On dort mal, voire, on ne dort pas.
C’est con, y a comme une petite angoisse face à la nouvelle année.
J’ai même du mal à me dire que demain, c’est la rentrée.
Après un an passé parmi vous, à me battre contre eux, j’ai dû mal à me dire que c’est fini.
Nous sommes au moment tant redouté : l’Après.
L’Après grève.
Ça fait 6 mois que je ne suis pas allée en cours, voire plus.
J’ai du mal à tourner la page, et j’ai envie qu’aujourd’hui ressemble à hier.
Mais j’ai envie de retourner en cours, de prendre des notes, de gueuler parce que ça va trop vite, de manger au Crous, de demander si personne n’a une feuille double, de paniquer avant un exposé.
J’ai envie de remplir ma trousse de cartouches vides.
Tous les ans, c’est la même chose.
Allez, c’est parti, une nouvelle année.
On prend des bonnes résolutions, comme pour le premier janvier.
Cette année, je lis 100 pages par jour, j’arrête FB, je fais du sport, j’apprends régulièrement, et j’attends pas la veille pour écrire ma dissert’.
J’ai l’impression que demain, c’est la fin d’un temps.
Nous sommes au moment redouté, celui où nous allons aller à la fac pour aller en cours.
Plus pour nous battre.
Non.
Ce n’est pas ça.
Demain, je ne serais plus la bloqueuse, la future chômeuse.
Demain, je serais l’étudiante lambda qui va en cours.
Je retourne chez moi demain.
Je remets les pieds dans cette fac que je connais.
Que je connais par cœur.
Non
Non
Je ne veux pas, je ne peux pas avoir cours en amphi jaune.
La fac est devenue une maison hantée.
Les fantômes sont les souvenirs. La fac craque, elle vit.
Demain, j’irai en cours, j’assiérai (oh qu’il est moche ce mot) devant ma table, et je prendrai mon cours, sagement.
Demain, j’irai en AG, et je me souviendrai.
Demain, mes mains tourneront dans l’air.
Demain sentira le bon vieux temps, sans puer le renfermé.
C’est pas forcément de la nostalgie, mais les souvenirs viennent s’écraser là, un peu partout.
Y en a beaucoup en amphi jaune, y en a en salle 115, y en a sur cette chaise, sur ce mur, sur ma peau, sous mes yeux.
Je les ramasse à la pelle, je les mets dans une boite.
Dans la petite boite de JC, dans le casier de Simone.
Ce soir, il est tard, et je n’ai pas envie de dormir.
Ce soir, il est tard, et j’ai juste envie de rêver encore un peu.
Demain, je rentre à la maison.
Je suis une grande, je suis en L3, et je peux me regarder dans la glace.
Putain, demain, c’est la rentrée.
Et l'amphi est fermé.