Y a pas d’âge pour…
Bon, alors comme la plupart des gens qui se sont rendu dans les salles noires, je suis allée voir le film dont on ne retient jamais le titre en entier l’étrange histoire de Benjamin Button.
Et donc, comme la plupart des gens, j’ai adoré.
c'est un livre ouvert ce film.
un histoire qu'on raconte.
des pages que l'on tourne.
du papier qui sent bon.
un conte que la mère racontait à sa fille
un conte que la fille raconte désormais à sa mère
Bon, ça remue un peu tout ce film.
On se trouve pas si jeune que ça.
Certains se sentent grandir en voyant ce film.
Ça parle du temps, du temps qui passe, du temps qui avance, du temps en retard, du corps en avance, du corps en retard, du temps qui recule.
Ah ! cette fabuleuse notion de temps.
Si insaisissable.
On passe toute notre vie à essayer de le trouver, ce temps.
Pour tomber amoureux.
Pour terminer son exposé.
Pour réviser un contrôle.
Pour rester avec les gens qu’on aime.
Pour tout simplement le sentir passer, filer entre nos doigts, ce Temps.
Se saisir de la moindre minute, et la rendre unique.
C’est beau. C’est lavé avec Mirelaine.
Et si dans nos histoires d’amour, on était jamais à l’heure ?
Benjamin Button, c’est l’histoire d’un corps, en retard.
D’un corps qui recule.
D’une montre qui recule.
De boutons.
De gâteaux.
De mouvement.
De danse.
La vie.
Face ç la rigidité presque frigide de la danse classique, on a un film en mouvement.
Construit sur des morceaux de vie, qui reviennent, au moment de la mort.
On a constamment ce va et vient entre présent, passé qui fusionnent.
La Mort est là, elle se balance sur le vieux rocking-chair, elle fait de la moto, elle danse sur la scène de la vie.
C’est pas un film de trois heures plein de rides, de longueurs, où, justement, on voit le temps passer.
C’est l’Amour aussi.
Je sais, tu t’en fous, toi ce que t’aime dans la vie, c’est le heavy metal et M. Manson.
Ça montre qu’on peut s’aimer à n’importe quel âge.
C’est vrai ?
Ça renverse un peu tout.
La notion de vieillesse qui devient une nouvelle jeunesse ( topos récurrent qu’on retrouve dans le langage de plein de petits vieux).
Le petit vieux joue aux soldats de plombs.
Ça sent pas le rance des maisons de retraite, souvent de vrais mourroirs, non ça sent pas le vieux, ça sent la vie.
J’ai te posé une question facile.
Qu’est-ce qui marche à quatre pattes le matin, à deux le midi et à trois le soir ?
Et si on inversait, rien que pour voir.
Je trouve que ce film soulève beaucoup plus de questions que la majorité des films hollywoodiens.
Le corps, l’Amour, la Vie, le Temps, la Mort.
On se rapproche tous finalement de ce quelque chose qui arrive en fin de chemin.
Même mémé Bottox ?
Même mémé Bottox et papy implants.
Il montre ce décallage, et illustre plutôt bien, il me semble, cette phrase :
Je suis restée jeune dans ma tête.
Parce qu’au final « on portera tous des couches ».