Les cahiers de texte, bordel, ils sont où ?
Même si la case collège est une case que j’aimerais oublier, je ne peux pas ne pas la mentionner.
Bon, le collège alors.
Déjà le collège, c’est la technologie et la musique.
Alors écoute.
Je propose un nouveau programme pour ces deux matières.
Et si, tiens toi bien, on fabriquait une flûte lumineuse en techno ?
Non parce que va pas me dire que tu utilises tes superbes enceintes et ton porte clé lumineux tous les jours ?
Bon, ok la cascade lumineuse, tu peux plus t’endormir sans.
Oui, ton porte crayon est très beau placé ainsi sur ton bureau.
Moi j’vais te raconter un truc.
La technologie, ça a jamais été mon kiffe.
Enfin la matière hein, rassure toi, je fonctionne en bluetooh à longueur de journée, et je pense face book.
Poc.
Attend, deux sec’.
J’ai un message.
Non, mais dis moi toi là, tu connais quelqu’un qui a aimé étudier le système hiérarchique dans une entreprise ?
Bon, ok, y a bien eu l’activité super qui consistait à découper les différents composants d’une boîte de céréale.
Oui, oui, moi aussi, j’y ai eu le droit.
Bon après t’avais la musique pour réveiller ton côté artiste, mais je crois que la prof n’a pas forcément aimé ta reprise à la flûte d’Offspring.
Oui, tu écoutais Offspring, et tu portais fièrement ce bracelet avec des pics que tu regardes toujours en versant une larme et en murmurant « ah c’était le bon temps ! ».
Bah moi, le collège, tu vois, ça a jamais été du bon temps.
Je vais te parler de ce fléau qui sévit dans les cours, qui n’est plus la cours de récréation /
LA VICTIMISATION.
On y passe tous, et on en bave tous de manière plus ou moins intense.
Nique ta mère, j’te pète ta gueule.
Va pas me dire que c’est peace and love au collège, j’te crois pas.
La poésie collégiale est géniale, avouons le.
Ta gueule.
Connard.
Sale pute.
J’vais te défoncer à la sortie.
Ah la fameuse sortie.
Petit conseil de Mami Mo.
Si un jour, une connasse, je m’emporte, pardon, une camarade de ta classe, te coince les doigts entre deux tables et que tu lui réponds « putain t’es conne ou quoi, mes doigts », et que cette même personne te réponds « putain, j’vais te défoncer à la sortie ! ».
Tu as deux choix.
Soit tu aimes la bagarre, et tu es plus grand qu’elle.
Tu la défonces, et tu penses à moi.
Soit tu fermes ta gueule et tu attends la sortie, la peur au ventre.
Tu te fais défoncer.
Mais admettons que tu aimes la douleur.
Tout le monde y gagne.
Soit.
Ou alors, tu lui glisses ce fameux mot qui fait tant râler les profs’, en écrivant « je suis un peu sur les nerfs, mon arrière grand-mère vient de mourir ».
C’est la solution que j’ai adopté.
Quoi ?
Jeune et conne, et alors.
C’est pas toi qui étais assise à côté d’une terreur qui te piquait tes stylos plumes diddle, et c’est pas toi non plus qui a eu un pot de blanc renversé (comme par hasard… mais bien sûr) dans tes cheveux et sur ton super manteau en jean que tu aimais d’un amour pur et profond.
Alors tais toi.
Mais bon, comme les bonnes choses ont une fin, le collège se termine.
Et cette victimisation devient marrante, on se sent con de pas avoir ouvert sa gueule, et d’avoir passé la nuit au CDI (ce fameux CDI…) parce qu’à la sortie tu serais mort.
Bon, ok, ta mère on l’a niqué à plusieurs reprises.
Je sais, ça fait jamais du bien.
Et puis après, y a les anecdotes sur les profs qui reviennent au galop.
Un épisode récurrent source d’une grande angoisse au collège :
Le cahier d’appel et le cahier de texte.
Oui, toi aussi tu as passé une semaine et plus dans ta vie, à passer chercher le cahier.
Le plus généralement, on l’oublie dans une salle, ou on l’oublie tout court.
Et puis, je crois qu’on se passe difficilement de cette phrase :
« il est où le cahier d’appel ?? »
Alors là, tu te dis merde.
Tu vas devoir te lever, te faire juger des pieds à la tête par tes camarades pré-pubères, tu vas devoir frapper à une porte qui s’ouvrira sur des inconnus qui te jugeront encore.
Ah le collège.
Le jogging qu’on oublie (toujours pour les filles) lors du cours d’EPS ;
Rien que le mot fait mal.
EPS.
Et l’SVT.
Putain on étudie les punaises et les cloportes, réjouissant tu me diras.
Je me souviens que j’avais eu une bonne note parce que mes punaises avaient fait un œuf.
Oui, je sais, je me passerais de tes commentaires, et répondrai juste :
C’est le miracle de la vie.
Alors on commence à s’assumer, on met des baskets et pas que pour aller faire du sport.
On demande un EASTPACK, un porte clé Diddle, on veut de l’indépendance et pouvoir regarder Love Story en paix.
On a un carnet de liaison.
On l’oublie souvent et puis..
On le customise.
DECO et le scrapbooking c’est de la rigolade par rapport aux agendas de collègiens.
« tu me marques un mots ? allez steuplait ! ».
Alors au lieu d’écouter ce cours passionnant sur la tectonique des plaques, on écrit un mot.
« Jt’e kiffe, t’es ma BBF ; Big Bisous Bien Baveux Belle Blonde »
(remarque que ça marche aussi avec les Brunes mais pas avec les rousses… )
On fait passer des mots de façon super discrète…
Tu crois qu’il me regarde ?
Putain ça me fait chier, mon daron veut pas que je devienne chanteuse grâce à Pop Star.
Ah l’adolescence et ses joies.
Moi, quand je repense à toutes ces années ( mode vieille activé), j’en ris.
Je dois t’avouer que pour mon arrière grand-mère, j’en ris.
Mon vieux baggy est au fond de l’armoire, vestige d’un temps révolu.
Mes bracelets à pics (et avec des flammes) prennent la poussière.
C’est la vie que veux tu.
Et d’un coup, le petit con que nous étions tous au Collège respire un coup, et voit qu’il a grandi.
Et qu’on se dit.
Putain merde, c’est fou ce que le temps passe.